(passages) Violences domestiques
Modérateurs : Magistrats de Jade, Historiens de la Shinri
- matsu aiko
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(passages) Violences domestiques
Léo était morose. Encore une journée passée abominable au bureau, sans autre résultat qu’un nombre accru de réclamations. Parfois il avait l’impression que toutes les affaires qu’il réglait engendraient chacune des réclamations supplémentaires. C’était usant.
En plus de ça, elle avait décidé de faire la tête. Elle ne bougeait plus de la cuisine, même quand il passait la tête par la porte pour lui dire bonsoir. Pas le moindre salut ou signe amical, le moindre sourire, nada.
Tout ça, c’était la faute de son médecin.
Il était allé faire une paire de contrôles, et cet abruti bien-pensant lui avait déclaré d’un air grave :
- Léo, ça ne va pas du tout. Le cholestérol, les triglycérides, la tension…tout est beaucoup trop haut. Et puis regardez-vous dans une glace, mon vieux ! Ce n’est plus un ventre, à ce stade-là !
Avec une parfaite mauvaise foi, il avait rétorqué :
- Pourtant je ne fais pas d’excès, docteur.
Ce dernier l’avait fixé sans rien dire.
- Bon, enfin, comme tout le monde, mais rien de méchant, hein…un peu de vin, de bière, du fromage, de la charcuterie…
Cet enfoiré lui avait asséné d’un ton péremptoire :
- Bien. A partir d’aujourd’hui, plus d’alcool, plus de fromage, plus de charcuterie. Et faites du sport ! Sinon, dans deux ans, c’est l’infarctus, et c’est à l’hôpital que nous discuterons.
- Mais, qu’est-ce que je vais manger, alors ? avait-il répondu, horrifié de la disparition de ce qui composait la base de ses repas.
- Légumes verts, laitages, céréales. De l’eau. Et pas de petite exception, ok ? avait conclu le médecin d’un ton sans réplique.
Il était revenu chez lui, le moral à zéro.
- Régime au pain sec et à l’eau, ou presque…je suis désolé, mais tu ne vas pas pouvoir rester. J’en meurs d’envie, mais ce n’est pas possible. Je vais être invivable. Il vaut mieux que tu t’en ailles.
Elle avait boudé d’une façon si charmante qu’il s’était laissé attendrir par sa joliesse joufflue et ses courbes appétissantes, et l’avait gardée chez lui.
Mais depuis, il était en permanence d’une humeur de chien. Et les choses allaient de mal en pis.
Il se souvenait pourtant, quand ils étaient revenus ensemble d’Auvergne. Il lui semblait que c’était hier. Il s’était fait une telle joie du moment où ils se retrouveraient ensemble chez lui ! Il avait imaginé un souper fin en tête à tête, avec une bonne bouteille de St Emilion, ou peut-être un Côtes-de-Nuit, un Selles-sur-Cher à point, et du pain au levain de chez Ganachaud.
Elle avait approuvé ce choix.La compagne idéale.
Adieu chèvre, cochon, couvée. Et le St Emilion par la même occasion.
Ce tortionnaire de toubib ne savait pas par quelles affres il passait. Combien c’était dur, en passant devant le frigo, de ne pas craquer.
Et elle qui était là, immobile, muettement moqueuse, le regardant manger ses haricots verts et ses pommes de terre bouillies arrosées d’Evian.
Pour la n-ième fois, il entra dans la cuisine. Elle était là, comme de juste, le narguant de sa présence silencieuse.
Quelque chose, dans sa passivité narquoise, le mit hors de lui.
Pourquoi à cet instant précis ? Il ne savait pas. Tout ce qu’il savait, c’est qu’il ne pouvait plus tenir, qu’il avait atteint le point de rupture, qu’il ne pouvait en encaisser davantage. Même pas la proverbiale goutte d’eau. Trop, c’était trop.
Lui tournant le dos, il ouvrit subrepticement le tiroir du buffet, faisant mine de regarder la liste de course du lendemain. Sa main glissa sur les manches : le couteau à gigot, le couteau à jambon, le couteau large pour les côtes de boeuf, le tranchoir, le couteau à huîtres…il les connaissait si bien, qu’il trouva sans regarder, sans hésiter, celui qu’il cherchait : le Laguiole long et effilé, affûté comme un rasoir. Sa paume caressa la poignée de corne, si familière. Il fut pris d’une sorte de vertige.
Sa main se referma dessus, sans qu’il ait vraiment conscience de l’avoir fait.
Doucement, doucement, il referma le tiroir, et dissimulant la lame sous son avant-bras, se dirigea vers elle. De l’autre main, il mit sur la table le plat de carottes râpées, pour donner le change.
Puis, avec un bond de tigre, il se retourna, et avec un cri bestial planta sauvagement le Laguiole dans la magnifique saucisse sèche ramenée d’Auvergne quinze jours plus tôt.
En plus de ça, elle avait décidé de faire la tête. Elle ne bougeait plus de la cuisine, même quand il passait la tête par la porte pour lui dire bonsoir. Pas le moindre salut ou signe amical, le moindre sourire, nada.
Tout ça, c’était la faute de son médecin.
Il était allé faire une paire de contrôles, et cet abruti bien-pensant lui avait déclaré d’un air grave :
- Léo, ça ne va pas du tout. Le cholestérol, les triglycérides, la tension…tout est beaucoup trop haut. Et puis regardez-vous dans une glace, mon vieux ! Ce n’est plus un ventre, à ce stade-là !
Avec une parfaite mauvaise foi, il avait rétorqué :
- Pourtant je ne fais pas d’excès, docteur.
Ce dernier l’avait fixé sans rien dire.
- Bon, enfin, comme tout le monde, mais rien de méchant, hein…un peu de vin, de bière, du fromage, de la charcuterie…
Cet enfoiré lui avait asséné d’un ton péremptoire :
- Bien. A partir d’aujourd’hui, plus d’alcool, plus de fromage, plus de charcuterie. Et faites du sport ! Sinon, dans deux ans, c’est l’infarctus, et c’est à l’hôpital que nous discuterons.
- Mais, qu’est-ce que je vais manger, alors ? avait-il répondu, horrifié de la disparition de ce qui composait la base de ses repas.
- Légumes verts, laitages, céréales. De l’eau. Et pas de petite exception, ok ? avait conclu le médecin d’un ton sans réplique.
Il était revenu chez lui, le moral à zéro.
- Régime au pain sec et à l’eau, ou presque…je suis désolé, mais tu ne vas pas pouvoir rester. J’en meurs d’envie, mais ce n’est pas possible. Je vais être invivable. Il vaut mieux que tu t’en ailles.
Elle avait boudé d’une façon si charmante qu’il s’était laissé attendrir par sa joliesse joufflue et ses courbes appétissantes, et l’avait gardée chez lui.
Mais depuis, il était en permanence d’une humeur de chien. Et les choses allaient de mal en pis.
Il se souvenait pourtant, quand ils étaient revenus ensemble d’Auvergne. Il lui semblait que c’était hier. Il s’était fait une telle joie du moment où ils se retrouveraient ensemble chez lui ! Il avait imaginé un souper fin en tête à tête, avec une bonne bouteille de St Emilion, ou peut-être un Côtes-de-Nuit, un Selles-sur-Cher à point, et du pain au levain de chez Ganachaud.
Elle avait approuvé ce choix.La compagne idéale.
Adieu chèvre, cochon, couvée. Et le St Emilion par la même occasion.
Ce tortionnaire de toubib ne savait pas par quelles affres il passait. Combien c’était dur, en passant devant le frigo, de ne pas craquer.
Et elle qui était là, immobile, muettement moqueuse, le regardant manger ses haricots verts et ses pommes de terre bouillies arrosées d’Evian.
Pour la n-ième fois, il entra dans la cuisine. Elle était là, comme de juste, le narguant de sa présence silencieuse.
Quelque chose, dans sa passivité narquoise, le mit hors de lui.
Pourquoi à cet instant précis ? Il ne savait pas. Tout ce qu’il savait, c’est qu’il ne pouvait plus tenir, qu’il avait atteint le point de rupture, qu’il ne pouvait en encaisser davantage. Même pas la proverbiale goutte d’eau. Trop, c’était trop.
Lui tournant le dos, il ouvrit subrepticement le tiroir du buffet, faisant mine de regarder la liste de course du lendemain. Sa main glissa sur les manches : le couteau à gigot, le couteau à jambon, le couteau large pour les côtes de boeuf, le tranchoir, le couteau à huîtres…il les connaissait si bien, qu’il trouva sans regarder, sans hésiter, celui qu’il cherchait : le Laguiole long et effilé, affûté comme un rasoir. Sa paume caressa la poignée de corne, si familière. Il fut pris d’une sorte de vertige.
Sa main se referma dessus, sans qu’il ait vraiment conscience de l’avoir fait.
Doucement, doucement, il referma le tiroir, et dissimulant la lame sous son avant-bras, se dirigea vers elle. De l’autre main, il mit sur la table le plat de carottes râpées, pour donner le change.
Puis, avec un bond de tigre, il se retourna, et avec un cri bestial planta sauvagement le Laguiole dans la magnifique saucisse sèche ramenée d’Auvergne quinze jours plus tôt.
Dernière modification par matsu aiko le 18 juil. 2007, 13:36, modifié 1 fois.
- Kakita Inigin
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- matsu aiko
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Ah làlà! Tu vas chuter dans le roman d'horreur?
En tout cas, ça sent le vécu (s'agissant de la qualité de la charcuterie auvergnate bien sûr...) mais sache que tu nous aura tous à table si on appernd que tu tortures des saussices chez toi!!! (alors avec époux et enfants, je ne suis pas sûr qu'il y en aie assez pour tous, surtout quand on voit les morfals!!!!!!).
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En tout cas, ça sent le vécu (s'agissant de la qualité de la charcuterie auvergnate bien sûr...) mais sache que tu nous aura tous à table si on appernd que tu tortures des saussices chez toi!!! (alors avec époux et enfants, je ne suis pas sûr qu'il y en aie assez pour tous, surtout quand on voit les morfals!!!!!!).

- Kõjiro
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La saucisse sèche d'Auvergne est assez réputées mais l'ardechoise est plutôt pas mal aussi 
De même que les charcut' corse, espagnole ou italienne *miam*
De même que les charcut' corse, espagnole ou italienne *miam*

"Les impôts sont le prix à payer pour une société civilisée. Trop de citoyens veulent la civilisation au rabais" - Henry Morgenthau, remettant son rapport sur l'utilisation abusive des paradis fiscaux par les contribuables au président Roosevelt en 1937.
- matsu aiko
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Mirumoto Ohmi a écrit : En tout cas, ça sent le vécu (s'agissant de la qualité de la charcuterie auvergnate bien sûr...)
Merci pour vos commentaires.
A défaut de problèmes de cholestérol, j'avoue sans problème un penchant pour la bonne chère !
Si je fais un tour en Auvergne je vous préviens
Sinon, savez-vous que vous pouvez aussi commenter ce que je poste sur la Bibliothèque Céleste, hmm ?
(Oui, c'est de la pub. Mais si jamais vous pouvez y faire un tour, ça m'intéresserait d'avoir quelques retours supplémentaires, notamment sur Histoire de Plusieurs.)
voilà voilà *sifflotte*
Dernière modification par matsu aiko le 19 juil. 2007, 16:57, modifié 1 fois.
- Kõjiro
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Suite à ton mp je me suis dit que ce serait bien que j'y retourne (fut un temps où je les lisait toutes...).matsu aiko a écrit :(Oui, c'est de la pub. Mais ça m'intéresserait d'avoir quelques retours supplémentaires, notamment sur Histoire de Plusieurs.)
voilà voilà *sifflotte*
A venir

"Les impôts sont le prix à payer pour une société civilisée. Trop de citoyens veulent la civilisation au rabais" - Henry Morgenthau, remettant son rapport sur l'utilisation abusive des paradis fiscaux par les contribuables au président Roosevelt en 1937.
- Mirumoto Ohmi
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Pour l'auvergne, je crois que j'y vais en septembre (pour des potes, des impôts et du Saint Nectaire...)...Si je fais un tour en Auvergne je vous préviens
Sinon, savez-vous que vous pouvez aussi commenter ce que je poste sur la Bibliothèque Céleste, hmm ?
Pour le reste, je te rappelerai très chère que tu aurais parfois intérêt à éditer tout tes griboullages sur le web (enfin bon, la voix quoi...).
Ceci dit, c'est sûr que ça pourrait faire pas mal de boulot... (j'avoue honteusement, d'autant plus que j'ai la flemme de te proposer un coup de main...)

- Kakita Inigin
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Je préfère les commentaires directs.matsu aiko a écrit :Mirumoto Ohmi a écrit : En tout cas, ça sent le vécu (s'agissant de la qualité de la charcuterie auvergnate bien sûr...)
Merci pour vos commentaires.
A défaut de problèmes de cholestérol, j'avoue sans problème un penchant pour la bonne chère !
Si je fais un tour en Auvergne je vous préviens![]()
Sinon, savez-vous que vous pouvez aussi commenter ce que je poste sur la Bibliothèque Céleste, hmm ?
(Oui, c'est de la pub. Mais si jamais vous pouvez y faire un tour, ça m'intéresserait d'avoir quelques retours supplémentaires, notamment sur Histoire de Plusieurs.)
voilà voilà *sifflotte*
- matsu aiko
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si vous parlez de relire et corriger mes textes, sachez, Ohmi-san, que c'est quelque chose que je fais au fur et à mesureMirumoto Ohmi a écrit :bon, on se voit chez toi, alors ?Pour l'auvergne, je crois que j'y vais en septembre (pour des potes, des impôts et du Saint Nectaire...)...
Pour le reste, je te rappelerai très chère que tu aurais parfois intérêt à éditer tout tes griboullages sur le web (enfin bon, la voix quoi...).![]()
donc, oui, mes textes sont aussi dispos sous word ou acrobat
@ Inigin: Parfait, j'attends.
- Kakita Inigin
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