Haiku, Tanka, poésie japonaise, cuvée 2007

On a enterré une collègue hier.

Bras saules pleureurs
Couverts feuilles et de pluie
Deuil du laurier-rose

Recouverts de larme
Laurier-rose regarde !
Les longs bras des saules

Les longs bras des saules
Pleurent des gouttes acides
Deuil du laurier-rose

Un peu d'ombre enfin
Au ciel fleurs blanches menues
Les espérais grises

Surface soie lisse
Couleur de soleil paillé
Cérémonie d'aube

Obélisque rude
Glaive de grès érigé
Arraché à Thèbes

Baillement soudain
A midi quelques minutes
Dur après-midi !

Salle noire brusque
Echappée d'une ombre courte
Panique du chat !

Long papier tendu
A la poutre bleue du toit
Mouches philosophes

... toute ressemblance avec des préceptes sur des rouleaux verticaux écrits en pattes de mouches japonaises est bien entendu volontaire

Lourd panier posé
A coté de la coupelle
Taches de saignée

Médeciens modernes
Plus de purges ni lancettes
Mais seringues sales

Roche grise en pleurs
Taches noires s'élargissant
Oh ! C'est du mazout !

Les cormorans blancs
Défilé anti-racisme
Teints de mazout, noirs

Fine robe blanche
Ainsi parée Printemps sort
Visiter Hiver

Long séjour de pluie
Verte et grise sur nos toits
... Le jardin éclôt.

Eclat de lanterne
Autour des fleurs obscurcies
Sa lumière embaume

Fontaines éteintes
l'Hiver étrint chênes vastes
Comme un flocon vert

Un twist sans répit
Une nuit sans réfléchir
Une vie sans lune

Les guerilleros
Idéal rouge et acier
Cruel dérapage

Prolongée attente
Pour percer tous les mystères
Sans cesse remise

Poils courts de ma barbe
Sont si épais, si rugueux
Leur piquant me barbe

Grand arbres fânés
Rides d'écorce lugubre
Ciel comme une plaque

Clair azur jadis
Zébré d'un éclair de gris
Sur un fond tombal

Neuf arbres rangés
Comme autant de rosiers nains
Comme neuf planètes

Crépuscule fauve
Fleurs séchées, bustiers des filles
Brume si légère

matsu aiko

Orage

J'en appelle au Ciel
Que viennent enfin les trombes
Terre en sacrifice

Et qu’enfin s’éveille
Le sombre dieu assoupi
Qui rêve de sang

Empoisonnant nos esprits
Un pas, le précipice

***

Apaisement – tout ruisselle
Sourires verts, feuilles tendres
Renaissance

matsu aiko

Glissements progressifs
Sensation ouatée
Brouhaha étrangers
Sur les trottoirs la foule

Dans le fleuve humain
Corps libre, disponible
Naissance du désir
Un film au ralenti

Kitsuki Katsume

De l'ombre dans l'ombre
Et de l'âme des ténèbres
Jaillit le néant

Odeur du café
Dans l'édifice désert
Plaisirs successifs

Table bien garnie
Emplie de petites choses
Qui vont disparaître
edit : tiens Katsume a pas relevé la faute.

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